Cuisine et inégalités : vers la fin du tabou de la charge mentale alimentaire ? Entre stéréotypes de genre et réorganisation familiale
1. Un rôle historiquement assigné aux femmes : une charge mentale alimentaire ancrée
Sophie Schoelinck, diététicienne-nutritionniste sur la région de Charleroi formée en genre et discrimination vous fait part de son analyse sur la charge mentale que peut représenter l'organisation familliale des repas. Voici les différents points qu'elle relève:
1.1 Une répartition genrée des tâches dans la cuisine familiale
Depuis des siècles, les femmes sont associées à la gestion des repas, incarnant le rôle de nourricières du foyer. Dans les sociétés traditionnelles, la cuisine et l’alimentation étaient perçues comme une extension des responsabilités maternelles, tandis que les hommes occupaient le rôle de pourvoyeurs économiques.
Jusqu’aux années 1970, en France comme ailleurs, il était impensable qu’un homme prenne en charge la préparation quotidienne des repas. Au-delà de la cuisine, les femmes géraient aussi les courses, la planification des repas et l’équilibre alimentaire de la famille, un poids mental encore très présent aujourd’hui.
1.2 Le paradoxe de la cuisine : sphère féminine à domicile, masculine en gastronomie
Si la cuisine domestique a toujours été considérée comme une tâche féminine, la cuisine professionnelle est dominée par les hommes. Ce paradoxe illustre une inégalité persistante : alors que les femmes sont censées nourrir leur famille, les grandes figures de la gastronomie restent majoritairement masculines.
En 2022, en Suisse, seules 1 600 femmes sur 11 500 chefs exerçaient dans la haute cuisine, mettant en lumière la difficulté des femmes à être reconnues dans ce domaine pourtant associé à leur rôle domestique.
2. L’évolution des rôles alimentaires : vers un partage plus équilibré ?
2.1 L’impact des mutations sociétales sur l’alimentation familiale
Depuis quelques décennies, plusieurs changements sociétaux ont progressivement redéfini les rôles dans la gestion des repas :
• L’entrée massive des femmes sur le marché du travail, réduisant leur temps disponible pour la cuisine.
• L’évolution des structures familiales (monoparentales, homoparentales, recomposées), modifiant la dynamique traditionnelle des rôles.
• L’industrialisation alimentaire et l’émergence de solutions pratiques (plats préparés, robots de cuisine, livraisons à domicile), allégeant la charge domestique.
Ces évolutions ont permis une implication croissante des hommes en cuisine, bien que la répartition des responsabilités reste encore inégale.
2.2 L’émergence des “nouveaux pères” et la remise en cause des stéréotypes
Les "nouveaux pères", davantage impliqués dans l’éducation des enfants, s’investissent aussi dans la préparation des repas. Contrairement aux générations précédentes, ils ne se limitent plus à "rendre service" mais prennent une place active dans la gestion alimentaire du foyer.
Les réseaux sociaux contribuent à ce changement en valorisant des modèles de pères cuisiniers, aidant à déconstruire les idées reçues sur la place des hommes et des femmes en cuisine.
3. Les résistances et défis persistants : entre culpabilité et injonctions contradictoires
3.1 La charge mentale alimentaire : encore majoritairement féminine
Malgré une plus grande implication des hommes, l’organisation des repas reste souvent sous la responsabilité des femmes. Elles continuent à penser aux courses, anticiper les menus, s’assurer de l’équilibre nutritionnel de la famille, même lorsque leur conjoint cuisine.
Cette charge mentale invisible est l’un des freins majeurs à une véritable égalité dans la répartition des tâches alimentaires.
3.2 La culpabilité des femmes actives face aux normes traditionnelles
De nombreuses femmes ressentent encore une culpabilité lorsqu’elles travaillent et délèguent la préparation des repas. Cette pression découle des normes sociales ancrées qui valorisent la femme en tant que mère nourricière.
Même dans les foyers où les tâches sont partagées, le modèle de la "bonne mère" qui cuisine maison reste omniprésent, créant une contradiction entre émancipation professionnelle et attentes traditionnelles.
4. Vers une nouvelle approche de l’alimentation familiale : repenser les rôles et les attentes
4.1 Déconstruire les stéréotypes pour un équilibre durable
Pour favoriser une répartition plus égalitaire des tâches alimentaires, il est essentiel d’agir sur plusieurs leviers :
• Éduquer dès l’enfance : Apprendre aux filles et aux garçons à cuisiner dès le plus jeune âge.
• Valoriser les hommes en cuisine, en mettant en avant des modèles positifs de pères impliqués.
• Encourager un partage équitable des responsabilités alimentaires au sein du foyer.
4.2 Une évolution bénéfique pour toute la famille
Un partage des tâches alimentaires ne profite pas seulement aux femmes, mais à l’ensemble du foyer. Les enfants développent une meilleure éducation alimentaire, et les hommes gagnent en autonomie dans la gestion du quotidien.
Alléger la charge mentale des femmes permet aussi de mieux concilier vie professionnelle et familiale, sans que l’alimentation repose sur une seule personne.
Vers une alimentation plus égalitaire au sein des foyers
L’évolution du rôle des femmes dans l’alimentation familiale reflète les transformations profondes de notre société. Malgré des avancées, les stéréotypes de genre restent ancrés, maintenant une inégalité dans la répartition des tâches domestiques.
Pour aller vers une véritable égalité, il est nécessaire de dépasser les injonctions traditionnelles et de promouvoir une vision plus partagée et équilibrée de la cuisine. Se libérer des rôles genrés, c’est aussi offrir aux générations futures un modèle familial plus harmonieux.
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